Voyage en Acadie – Festival de l’huître de Néguac


Fin octobre j’étais invité au Nouveau-Brunswick, dans la ville de Néguac en Acadie pour le
premier festival du carrefour de l’huître Atlantique… Suivez notre CARNET DE VOYAGE !

Arrivée – Jeudi 27 Octobre

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Il aura fallu passer quelques portillons au fil des 4 aéroports qui me guident de notre côte ouest atlantique à celle de l’ouest canadien.

La route du littoral acadien Moncton-Néguac est bordée d’immenses forêts de sapins, d’érables et de mélèzes, une image de carte postale. Le long de cette route, les villes traversées nous invitent à déguster chacune de ses spécialités iodées.

Il y a d’abord Shédiac (située juste en face de l’île du Prince Edward), la capitale mondiale du homard. Cette petite ville est reconnue internationalement pour sa pêche aux homards. Le roi de mers canadiennes a fait sa renommée. Même si cette pêche est pratiquée tout au long de la côte est du canada et particulièrement ici au Nouveau-Brunswick…

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Shédiac organise depuis 1949 un très grand festival autour du homard, en 2017 il aura lieu du 5 au 9 juillet avec au programme, le plus grand sandwich au homard réalisé («Lobster roll») ou encore le concours du plus grand mangeur de homard…

>>> Shédiac lobster festival 

Un peu plus haut sur la côte, nous nous arrêtons à Richibouctou. Outre le fait que le port de ce village est l’un des plus grands de la province, l’église Saint-Louis-de-Gonzague construite en 1965 est l’un des chefs-d’œuvre des architectes Bélanger & Roy et nous rappelle fortement le marché de Royan avec son toit en forme de coquille… Un véritable clin d’œil !

En passant par le pont de Miramichi au-dessus de la rivière du même nom, j’apprends que la ville a une réputation internationale grâce au saumon de l’Atlantique qui remonte en grand nombre cette magnifique rivière de mi-mai jusqu’à la fin octobre.

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Avant d’arriver à Néguac, nous faisons un passage obligé sur l’île au Foin. Face à la réserve indienne Mi’kmaq (les premiers habitants du Nouveau Brunswick), « Hay island » est un rendez-vous immanquable. Un petit coin de paradis pour la faune et la flore. Naturellement bien placée elle abrite quelques parcs à huîtres bien visibles entre l’île et le continent.

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Nous sommes arrivés à destination.

Demain aura lieu le 1er festival de l’huître de l’Atlantique à Néguac.

Cela valait bien un bon « souper » comme disent nos cousins ! Chez Raymond, le restaurant motel de mon séjour (heureusement que le propriétaire ne s’appelait pas Norman Bates…) la première rencontre (outre celle de « Bebert » mon incroyable guide acadien pendant ce séjour !) fut celle de l’assiette du pêcheur… Vous vous en doutiez : homard, aiglefin, coques, palourdes et pétoncles sont au programme.

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Quelle surprise en voyant arriver l’assiette (qui ne correspond pas à notre idée de « l’assiette du pêcheur ») : tous les produits étaient frits et enrobés d’une pâte à beignets.

C’est d’autant plus une surprise que je fais cette dégustation quasi à l’aveugle sans voir les produits : tous proviennent des ressources locales et sont d’une très grande qualité avec notamment des pétoncles (autre spécialité du Nouveau Brunswick) particulièrement délicieux.

Premier jour du festival – Vendredi 28 octobre…

Il s’agit d’abord de comprendre pourquoi la ville de Néguac s’est proclamée Carrefour de l’huître Atlantique…

Depuis longtemps les huîtres sont élevées ici en pleine mer dans les baies qui bordent les eaux du Nouveau Brunswick.

Depuis même plus longtemps qu’on ne le croit puisque des fouilles archéologiques réalisées dans la région ont permis de découvrir beaucoup de coquilles d’huîtres dans les campements amérindiens. Notre mollusque était donc consommé bien avant l’arrivée des Européens au 16° siècle.

Les huîtres acadiennes ont été dégustées pendant toute la période de l’histoire du Québec. Samuel de Champlain en faisait même écho dans sa description géographique et historique des Costes de l’Amérique Septentrionale publiée à Paris en 1672. Les huîtres sauvages du Nouveau-Brunswick de Caraquet à Néguac se sont naturellement retrouvées sur toutes les tables du Québec pendant plus de 400 ans…

En 1999, Amédée Savoie et Maurice Daigle fondent la Maison Beausoleil (nom tiré de Joseph Brossard dit Beausoleil qui était le chef de la résistance de la vallée de la rivière Petitcodiac durant la déportation des Acadiens) et donnent un nouvel élan à la culture ostréicole. Les huîtres de la Maison Beausoleil sont alors reconnues et appréciées dans le monde entier.

En 2016, la ville de Néguac s’appuie sur cette renommée pour créer le Premier Festival de l’Huître Atlantique.

Et voilà comment on se retrouve invité aux côtés de Daniel Notkin (Maître écailleur champion d’ouverture d’huître international, également propriétaire d’un superbe OysterBar à Montréal « Notkins » et fondateur de l’« Oysterfest » de Montréal) et de Michel Savoie originaire de Néguac et chef du restaurant « les Brumes du Coude » .

Après avoir copieusement déjeuné (l’équivalent de notre p’tit déj français) d’une galette de morue ( !), le rendez-vous était donc pris à la « cabane ostréicole » de la Maison Beausoleil.

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Il s’agit de découvrir l’huître de Virginie (Crassostrea virginica) afin de pouvoir ensuite l’accommoder et la travailler en connaissance pour les créations de ce soir au festival.

Amédée Savoie, propriétaire et créateur de la Maison, est notre guide : il va nous expliquer le fonctionnement et les caractéristiques de l’ostréiculture à l’acadienne.

Il y a évidemment quelques différences avec nos techniques charentaises pour la production et « l’affinage » mais le tri et l’emballage se rapprochent fortement de nos traditions françaises. Pas étonnant donc de retrouver quelques machines ostréicoles venant tout droit de l’entreprise trembladaise Mulot…

Après la visite des espaces de travail, place à la dégustation… La boîte à cigares sur le bureau d’Amédée renferme une belle collection de couteaux à huitres, le décor est pour ainsi dire planté : nous sommes les invités privilégiés d’un véritable Passionné de l’huître !

C’est ma première Beausoleil en bouche… Je ne trouve pas mes mots…

C’est une vraie surprise ! Un goût unique, délicat, d’une incroyable douceur ! Mais où est donc passé l’iode de nos estrans Charentais ? Serait-ce la combinaison des eaux froides du Saint-Laurent et du travail des ostréiculteurs qui donnent un tel goût au mollusque canadien ?…

Après cette découverte et une myriade de petits secrets partagés, Amédée me donne à voir quelques photos de la production hivernale… L’huître se met littéralement à hiberner sous l’épais manteau glacier qui recouvre les eaux. C’est incroyable de voir que les chalands estivaux sont remplacés par les motos neige pour aller chercher les « Beausoleil » sous 1 mètre de glace !

L’ostréiculteur devient alors une sorte de bûcheron des glaces qui remontent les huîtres à même le manteau gelé.

Je ne sais pas si ce sont les conditions climatiques extrêmes de ce pays mais les « Beausoleil » peuvent se conserver plusieurs semaines hors de l’eau entre 2 et 4 degrés environ (est à l’appui au retour !).

Lors du « diner » (décidément les Acadiens sont de sacrés farceurs, il s’agit bien de notre déjeuner à la française) avec les ouvriers de chez Amédée, je découvre autour du buffet la fameuse Poutine râpée de Chez Raymond. C’est une spécialité qui mijote près de trois heures, une grosse boule confectionnée avec des pommes de terre cuites et crues avec une farce… Un plat super costaud qui je le comprends maintenant est essentiel à nos bûcherons des glaces…

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C’est à notre tour de cuisiner et d’apprêter les huîtres de la maison Beausoleil pour les invités de la soirée. Daniel part sur la classique Rockefeller et un sandwich très original aux huîtres frites sur une mayonnaise à l’aneth, Michel sur une tartare d’huître et une recette locale de gratin de pommes de terre frites et sur une huître au ketchup d’algues, je décide pour ma part de réaliser mes Kiw’huîtres et une ribambelle d’huîtres aux trois agrumes…

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Un très beau moment de partage et de convivialité avec ces deux chefs canadiens et une formidable équipe de bénévoles.

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Cette formidable soirée d’ouverture du festival se termine chez l’habitant avec la famille et les collègues d’Amédée Savoie : bonnes bouteilles de vin français, incroyables palourdes en bocal et deux plats réalisés « sur le pouce »… Un magnifique bourguignon d’Orignal (c’est une chance pour nous de goûter à ce produit quand on sait que le chasseur tirer au sort n’a le droit d’abattre qu’une seule bête dans l’année) et une magnifique chaudrée de homard, Saint-Jacques et crevettes sauvages le tout flambé au cognac…

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Samedi 29 octobre

Rendez-vous pour une conférence autour de l’huître et l’économie liée à l’ostréatourisme.

En compagnie de Daniel Notkin, j’ai eu l’honneur de promouvoir nos produits de la mer français et d’expliquer en quoi les produits gastronomiques de nos côtes sont également de véritables atouts touristiques.

La suite de la journée était consacrée au 1er concours d’écaillers de la ville de Néguac.

Trois catégories étaient proposées : élus, amateurs et professionnel. Animés par Daniel Notkin (pour ma part j’avais le rôle de Jury où je devais noter les assiettes d’huîtres ouvertes par les participants.), les trois concours se sont déroulés dans une très bonne ambiance. J’ai pu constater que les maires ont super bien joué le jeu et c’est le maire de Caraquet (ville jumelée avec Marennes) qui remporte le concours. Chez les pro, c’est Jean Felix Daigle qui termine premier.

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Pour clôturer le festival, un souper est organisé avec une nouvelle chaudrée d’huîtres aux pommes de terre suivie d’un spectacle de grande qualité : un génial humoriste Luc Leblanc, les danses celtiques de trois jeunes filles de la région et un concert des Swing Girls, groupe français (qui avait remporté la tournée Coup de cœur Radart à la FrancoFête de Moncton en 2015).

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Dimanche 30 octobre

Retour vers Moncton et la France, juste le temps d’acheter quelques souvenirs et d’admirer une fois encore les magnifiques paysages de l’Acadie et du Nouveau-Brunswick.

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Pour clôturer ce carnet de voyage, je voulais vous dire que j’ai découvert ici un petit coin de paradis avec des personnes formidables, passionnantes, désireuses de partager, également de vrais amoureux de la culture et des produits français.

Un merci tout particulier à La municipalité de Néguac, à toute l’équipe et aux organisateurs de ce premier festival iodé autour des huîtres. En espérant que celui-ci sera le début d’une grande et belle aventure…

Merci Bébert (mon guide) pour ton accueil !

PS : les huîtres Beausoleil sont à ce jour toujours dans ma cuisine… Elles n’ont pas bougé 😉

En attendant je vais essayer de confectionner pour ma fille les fameux nougats au sucre de Jacqueline… Où puis-je trouver du sirop de guimauve…

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